Test écrit par Murazame
Riglord Saga (Mystaria Realms of Lore dans vos vertes contrées, Blazing Heroes de l'autre côté de l'Atlantique) est le second jeu avec l'étiquette rpg a être sorti sur Saturn, juste après l'infâme ou le fameux (barrez la mention inutile) Virtual Hydlyde. Intéressé par le savoir-faire en 3D de Microcabin, c'est SEGA qui suscita sa collaboration au développement d'un nouveau titre pour leur console fraîchement sortie d'usine. Débuté sur une envie de robots (interview dans le saturn magazine n゜5, 1995), le projet aboutit finalement sur la conception d'un jeu de rôle tactique en 3D qui mettrait l'accent sur les aspérités du terrain.
D'une pierre, 2 coups : on draguait les fans de la Megadrive tout en faisant étalage des capacités "incroyables" de sa petite soeur en la matière...
Les méchants venus des pays de l'Est...
Pur produit nippon, il est plutôt cocasse de voir conter l'invasion d'un Occident, ici le continent Riglord, menée par un grand vilain venu de Yamatai, territoire d'Extrême Orient !
D'emblée, l'histoire commence avec un tête-à-tête entre le prince Arthur (Aragon en anglais / le joueur) du Royaume de Queen's Land et celui qui apparaît comme le chef suprême de l'ennemi, Gen'yûsai (Lord Bane). Faute de pouvoir rivaliser, l'affrontement tourne court au désavantage du jeune prince, qui n'a pas d'autre choix que la fuite mais sans succès. Jeté dans les cachots de son propre château en compagnie des siens, il va s'adjoindre l'aide de Musashi et son équipe, hommes de main de Gen'yûsai que ce dernier n'avait cependant pas pris soin d'épargner, lorsque l'impatience l'eut poussé à tout raser alentours par le feu, arrosant aussi bien la résistance que ses valets. Après l'échappée de prison, soit la vraie première bataille du jeu, le groupe nouvellement formé s'en va demander conseil auprès de Visc, un ermite vivant au sommet du Mont Queen's Nose. Là-haut, le vieux sage leur suggère de rassembler 12 âmes courageuses.
En comptant les 7 qui sont d'ores et déjà dans nos rangs, il n'en manque donc plus que 5... Ça tombe bien, c'est aussi le nombre de généraux au service de Gen'yûsai !
Un jeu plutôt technique-s- que tactique
Hormis celui d'avoir incarné l'espoir d'y voir un digne remplaçant de Shining Force, provisoirement du moins et ce jusqu'au retour du Roi (alors déjà fébrilement attendu), le principal attrait du jeu du duo SEGA/Microcabin était donc sa réalisation entièrement en 3D ou presque, puisque les personnages eux sont encore des sprites, un peu empâtés du reste, qui en ont juste le rendu.
À l'époque en tout cas et à moins d'être intraitable sur l'esthétisque, on restait difficilement de marbre devant pareil "exploit", malgré les gros pixels qui picotent sévère et (surtout ?) le cadrage bien souvent déglingué des attaques montrant des animations (si tant est même qu'on puisse parler d'animation !) découpées à la tronçonneuse. Il eut été préférable aussi de pouvoir tourner la caméra quelque soit l'angle de vue choisi (aucun n'offrant un champ de vision satisfaisant), et pas seulement à partir d'un point fixe dans une vue subjective, plutôt inutile en plus d'être gâchée par un clipping à rendre jaloux Daytona USA dans sa (non moins géniale) version Saturn.
L'autre argument de vente que Riglord Saga pouvait mettre en avant est une riche panoplie de special moves, que ses personnages vont apprendre séparément du level up classique (HP, MP, etc.).
En parallèle des XP distribués en fin de mission et à parts égales entre les 6 membres de l'escouade (moitié moins pour ceux restés sur le banc), d'autres XP en effet sont obtenus individuellement après chaque action. L'assimilation des nouvelles techniques se fait donc en pratiquant celles déjà maîtrisées, lesquelles recouvrent aussi bien la défense (garde, esquive, etc.) que la magie (sorts de soin, de feu, de glace, etc.) ou l'attaque avec ou sans arme (épée, arc, mains nues, etc.).
L'originalité du procédé tient au maximum de techniques dont chacun peut s'équiper, un set limité à 9 techniques que le joueur va donc devoir actualiser régulièrement. Cest un peu fastidieux à la longue, a fortiori quand on conduit une armée de 12 hommes, mais il n'y aura pas lieu de se prendre trop la tête non plus, puisque la dernière acquise s'avère toujours plus puissante et rentable en XP que la précédente, même si les attaques physiques, notamment, offrent une bonne variété en termes de portée, et requièrent pour la plupart non pas des MP mais des points, cette fois dits “d'action” , réservés normalement au déplacement.
Après la prison, la liberté...
À l'inverse des menus qui, ici, vont vite être remplis de lettres (ou de kanji&kana) formant le nom des nombreuses techniques, Riglord Saga partage en revanche avec Shining Force le fait d'espacer les batailles par de l'exploration.
L'intérêt pourrait sembler extrêmement limité vu l'échelle et la structure adoptées pour les villes, qui ne sont jamais plus qu'un pâté de maisons traversé par un seul couloir riquiqui, mais l'intrigue laisse aussi la liberté de visiter les régions dans n'importe quel ordre, posant même ci et là quelques parenthèses (facultatives), comme une jeune fille prisonnière d'une secte, ou un donjon passablement coriace pour qui veut en extraire tout le butin. Certaines locations proposent une arène de combat, bien utile surtout pour se renflouer les poches, et les passages aux frontières entre 2 régions seront contrariés parfois, car c'est aléatoire, par un accrochage avec un groupe de gardes.
Et s'il ne faudra pas s'attendre à une histoire spécialement renversante ou complexe, le tandem Arthur/Musashi est bien sympathique et, pareillement, le jeune Evan s'attirera sûrement quelques faveurs pour sa capacité à se transformer en dragon (redevenant humain quand ses HP tombent de moitié). Toutefois, le petit monde de Riglord, outre qu'il soit muet, n'est pas ce qu'il y a de plus enchanteur dans le genre et pas seulement parce que la 3D est un vrai foutoir qui ne facilite pas l'immersion. Décors comme protagonistes, victimes du controversé style CGI, sont assez génériques dans leur genre et l'ambiance, néanmoins bien présente, doit son salut avant tout à la très jolie bande son.
À l'école du rpg, la stratégie est une section où la Saturn s'en sera sortie avec une mention très bien et les félicitations du jury.
Né d'une idée consistant à exploiter le relief dans un environnement en 3D, le bébé du couple SEGA/Microcabin a surtout eu la chance d'être arrivé le premier, même s'il ne démérite pas en étant assez bon élève.
Ni trop court ni bien long, le jeu trouve néanmoins le temps de devenir assez bourrin, avec un niveau maximal pourtant bloqué à 30 ; une limite atteignable sans trop forcer d'ailleurs, grâce à la possibilité de battre en retraite (tiens ? comme Shining Force !) tout en glanant chaque fois des XP. Un archer, par exemple, sera capable de supprimer 2 voir 3 ennemis rangés en file indienne derrière un mur (!) d'une seule flèche...
Aujourd'hui, Riglord Saga reste un titre sympa mais sans doute anecdotique à cause d'un physique assez ingrat (D.A. médiocre et graphisme atrocement dégradé pour raisons techniques), mais aussi parce que le challenge, suivant une pente strictement déclinante, sera susceptible de mécontenter ceux qui recherchent avant tout matière à guerroyer dans la sueur et le sang, peu importe que ce soit au milieu d'une plaine ordinaire ou à l'intérieur d'un château médiéval quelconque.
GOOD : 7/10 -> 73%
TECHNICAL :
GAMEPLAY :
GRAPHICS :
SOUND :
STORY :