Test écrit par Murazame
Sôkyû Gurentai ayant été un joli succès critique et commercial, Eighting/Raizing concèda volontiers, tout en signant par ailleurs une belle régularité (1996, 1997, puis 1998 !), un troisième et dernier effort sur Saturn avec l'adaptation de Battle Garegga, toujours pour les besoins de l'américain EA au Japon. Délaissant la fantasy des deux Mahô auxquels il succédait en arcade, près de deux années plus tard, pour un univers beaucoup plus sérieux et guerrier, Battle Garegga fit briller et pleurer beaucoup d'yeux par un caractère élitiste devenu presque légendaire.
Mais tout d'abord, un peu d'histoire...
Plusieurs décennies se sont écoulées depuis la révolution industrielle. Fissuré par d'innombrables conflits, l'actuelle stabilité du continent vint de l'unification d'une quinzaine de ses états en une puissante confédération militaire.
Élevés dans la campagne d'une presqu'île sur la côte ouest par un père féru de mécanique et duqel ils héritèrent le garage, le grand savoir-faire des frères Wayne leur ouvrit un beau jour les portes des usines du gouvernement. Quelque peu naïfs, ils ne se doutèrent pas que leur génie lui donna pas seulement une avancée technologique mais également des poussées d'expansionnisme qui conduisirent le monde à une nouvelle guerre. Assumant un peu tard leur responsabilité, ils décidèrent de mettre eux-mêmes un terme à cette mégalomanie meurtrière grâce à de nouveaux modèles d'aéronefs développés au cours d'un programme secret. Nom de code : G.
Le jeu offre donc le choix toujours bienvenu de son avion de combat entre le Silver Sword (G-1010), le Grass Hopper (G-130), le Flying Baron (G-1026) et le Wild Snail (G-913). Plus ou moins nerveux et puissants, ils se distinguent de manière classique par le type de canon embarqué et une attaque spéciale servant de smart bomb, dite weapon, qui se recharge en récoltant les munitions laissées par les unités détruites au sol. Sur le front, hormis les traditionnels power up, les ennemis lâchent également des emblèmes en forme de bouclier qui délivrent un petit module de tir (dit option) venant se greffer à notre zinc (quatre au maximum) et qui a la particularité de pouvoir être positionné de cinq manières différentes via le bouton C.
Voilà pour la partie émergée car Battle Garegga, c'est en réalité un peu plus compliqué que cela...
En plus des quatre vaisseaux supplémentaires tout droit sortis de Mahô Daisakusen, il existe aussi cinq autres formations cachées (wide, homing, search, shadow et en mode deux joueurs uniquement, chain) qui se déclenchent automatiquement à la condition de laisser filer cinq items identiques de suite (power up, emblème ou autre selon la formation souhaitée). Dernière “astuce” enfin, il est possible de bénéficier d'un léger coup de pouce et ce dès la sélection de son avion, lequel est soit un gain de vitesse en validant avec B, soit une hit box plus petite avec C ou soit les deux mais avec en contre-partie une difficulté plus frivole parce que oui, son intensité va s'adapter tout du long en fonction de la condition du joueur (niveau de puissance, stock de vies, etc.)!
En clair, la dure réalité de la guerre... c'est surtout le joueur qui va l'apprendre à ses dépends !
Bien plus qu'une bataille, une véritable gageure
Considéré comme ayant été l'étincelle qui inspira les créateurs du danmaku (Cave avec Dodonpachi), Battle Garegga est en effet un shmup plutôt hardcore, dans l'action comme dans ses fondations. Impitoyable, il maintient donc le pro du manche sur le fil du rasoir en l'invitant notamment au suicide (sic-k !) mais, les salves de tirs irréfléchies et continues étant elles aussi prises en compte dans le réajustement de la difficulté, il punit sournoisement le joueur lambda qui va garder le doigt crispé sur le bouton ! Une rugueur toute militaire conforme aux tonalités résolument ternes choisies en plus d'un scoring plus élaboré que la majorité de ses contemporains.
Au coeur de ce dernier, il y a les médailles relâchées par les ennemis tout d'abord, qui montent en taille et en valeur au fur et à mesure qu'on les récupère, passant progressivement de cent à dix mille points, mais qui retombent à cent chaque fois qu'on en laisse échapper une. Un boss donne cent milliers de points mais il est possible d'en engranger davantage en détruisant les pièces qui peuvent l'être et d'en grapiller d'autres encore, en tirant sur celles qui sont invulnérables.
Efficace comme n'importe quelle “bombe intelligente“ pour se soustraire d'une situation difficile, un usage moins conventionnel de la weapon consistant à exploser certaines structures autrement indestructibles et qui renferment un grand nombre de médailles, ou même certains engins ennemis pour un surplus de points, est néanmoins à privilégier si l'on vise un record.
Rythmé par une bande son technoïde galvanisante (celle des boss en particulier), Battle Garegga est avant tout destiné aux hommes qui n'ont pas froid ni mal aux yeux d'ailleurs car, défaut pour les uns ou indispensable signature pour les autres, il regorge lui aussi de ces détails graphiques, sur les sprites comme dans les arrière-plans, pour lesquels Raizing entretint dès sa naissance une obsession fiévreuse, mais quelque peu gênants parfois il est vrai, question visibilité. Aussi fouillé que fouillis donc, il n'est pas toujours très facile de choper les médailles tout en esquivant les balles, les obus et les items superflus qui se fondent dans ce déluge, jouissif, de feu et de débris !
Conversion de grande qualité ici encore, Raizing ne faillit pas à sa réputation en étoffant Battle Garegga d'un score attack mode similaire à celui que l'on avait dans Sôkyû Gurentai, diverses configurations d'écran dont le précieux tate et d'un red ball mode dans lequel une partie des tirs ennemis sont remplacés par des boulettes roses, ce qui lui confère un infime gain de clarté. Le grand public etait même chaleureusement accueilli avec la possibilite d'activer d'office les petits secrets sus-cités (vaisseaux, formations et légers boosts cachés).
Précurseur inconscient, avec Batsugun de Toaplan un peu avant lui, d'une mini révolution dans le microcosme du shoot'em up, Battle Garegga fait partie du haut du panier sur cette bécane même si, vu le nombre de prétendants, cela veut dire beaucoup et pas grand chose à la fois, mais cela dépendra plus sûrement aussi et surtout de l'adhésion de chacun ou non à l'esprit kamikaze qui l'habite.
EXCELLENT : 9/10 -> 93%
TECHNICAL :
GAMEPLAY :
GRAPHICS :
SOUND :
BACKGROUND :