Test écrit par Murazame
Dragon Knight 4 ayant été annulé, c'est GunBlaze S qui vint combler un grand manque dans la ludothèque Saturn: le rpg érotique. Beaucoup plus expressif dans sa mouture PC (GunBlaze), notre version à nous n'a évidemment pas échappé à la censure qui sévissait chez maître SEGA.
L'histoire d'un gang et d'un bang.
L'action se passe dans le Londres brumeux du XIXe siècle, l'époque où Jacques l'éventreur s'amusait au jeu du malade et du docteur chirurgien avec “d'innoncentes” jeunes filles. Subissant quotidiennement les inconvénients d'un bruit assourdissant d'origine inconnue, sa population, excédée, se met à plier bagages. Désertée, le prestige de la ville s'effrite à mesure que la violence se fait toujours plus irréductible.
Détective privé, Mark Flint voit pourtant défiler les journées sans l'ombre d'une demande de service jusqu'au jour où, à la sortie du bar qu'il a l'habitude de fréquenter, Chez Jin, il tomba sur une fille en proie à un gang sur le point de lui subtiliser sa virginité. Si son intervention ne s'avèrera pas très héroïque (et même plutôt ratée), elle aura toutefois permis à la jeune demoiselle de conserver intact son précieux malgré quelques attouchements ci et surtout là (...).
Lui proposant un peu de réconfort, Mark ne s'imaginait pas qu'après un échange de quelques mots, bien au chaud au pied de l'âtre en pierre dans son humble demeure, il se retrouverait... embarqué dans une histoire abracadabrante!
La fille, Jewel de son prénom, est poursuivie par une organisation criminelle secrète appelée Rose Cross. Atteinte d'une maladie mortelle incurable, elle doit son salut à un pendentif fait d'éther pur (celui-là même qui a été soupçonné un jour de remplir l'univers); de son petit nom le Shining Star. Possesseurs d'un aéronef, une technologie encore inédite à cette époque, les bandits de Rose Cross, menés par la cruelle et très sexiste Aylin, ont besoin de cet échantillon d'éther pour mettre en marche une nouvelle arme très puissante.
L'objectif avoué est la conquête du monde et Londres leur première cible.
Surpris d'apprendre qu'elle est sa cousine; emprisonné dans le vaisseau ennemi, Kean, le découvreur de ladite substance, étant leur grand-père à tous les deux; Mark n'est de prime abord pas vraiment enthousiaste, mais cèdera rapidement face aux charmes de Jewel ce soir là. Puis à d'autres aussi!
Souvent mises à nues, rarement consententes sauf dans les bras de Mark, les filles seront en effet très sollicitées et chaque fois à la merci du regard du joueur quelque soit la dure épreuve subie. Rapport vénérien contraint, déflorage affectueux ou défaite humiliante assortie de quelques tentacules venues de nullepart, même lorsque la bonne conscience de Mark lui fera refuser des avances coquines, il saura prendre le temps pour quelques préliminaires afin de légitimer toujours plus d'écrans racoleurs .
Bien sûr, SEGA n'ayant jamais vraiment laissé la Saturn s'exprimer pleinement dans un domaine qu'elle affectionnait pourtant beaucoup, le résultat en images est éminemment décevant. Sur un fond désespérément unicolore et froid (alors que sur PC...), les scènes haletantes de GunBlaze S se résumeront sytématiquement à une jolie demoiselle en sous-vêtements, dans une pose lascive certes mais statique.
Reste la voix suave des seiyû féminines malgré tout... .
Un problème de gros calibre.
La censure ne fait pas de cadeau à GunBlaze S et c'est d'autant plus déplorable vu le cadre choisi. Ponctuées d'allers-retours entre l'Angleterre et l'Allemagne, les péripéties de Mark seront assez brèves aussi mais gangrenées par un taux de rencontre hostile assez vertigineux et des bavardages parfois interminables! Comptez pas plus de 3 petites secondes entre 2 escarmouches qui, si elles sont généralement vite expédiées, rendent la progression non seulement fastidieuse mais aussi dangereuse par moments car la sauvegarde n'est accessible qu'au menu intermédiaire entre 2 destinations ou au contact d'une statue, que l'on ne croise jamais assez souvent.
Succube, lady zombi, limace géante, armure fantôme, troll des montagnes, chimère, etc; difficile d'expliquer la présence d'une faune aussi étrange mais toujours est-il qu'on va pouvoir faire parler la poudre jusqu'à satiété (l'écoeurement même), en éliminant par wagons entiers ces horreurs (à la taille démesurée!?) qui ont élu domicile dans les bas-fonds de Londres et les grands espaces naturels teutons, à coup de Winchester, Remington, Colt et autres Smith&Wesson. Seul l'indécrottable Japonais de service, Ryoma, ne fera confiance qu'en son katana.
Et on ne lui donnera pas tort vu la fiablité des modèles en circulation à cette époque.
Pistolet, carabine ou fusil à pompe pourront être réapprovisionnés en munitions de divers types (portée et puissance différentes) vendues en magasin. Si le “made in China” n'était pas encore d'actualité, on ne sera pas à l'abri de défaillances pour autant, tels qu' un enrayage inopportun, la destruction d'un barillet complet ou pire, la brusque et irréversible désintégration de l'arme chèrement payée!
Outre les gilets pare-balles (ou assimilés), quelques parchemins à usage unique (des invocations de renfort) pour un soupçon de magie, ainsi que les inévitables items thérapeutiques, l'arsenal n'est malheureusement pas bien étoffé. Et puis, on ne trouve que 3 pauvres classes de munitions (simplement nommées A,B et C).
Une pauvreté qu'on retrouve un peu partout d'ailleurs. Couleurs délavées et pas toujours du meilleur goût, visages figés aux expressions invariables lors des dialogues (heureusement rattrapés par des doublages, comme d'habitude, plutôt convaincants), équipement non illustré et une animation qui, bien que fleurtant avec le néant (aussi bien dans les décors que les combats où on ne décèle pas même un tout petit éclat d'étincelle, rien!), n'empêche pas la naissance malvenue de quelques ralentissements. Si l'on met de côté les quelques images (friponnes ou non), le jeu est en fait d'une aridité effarante, visuellement parlant, en plus d'être à la rue, techniquement.
Ne comptez pas sur les musiques paresseuses qui laissent à la fadeur des coloris seule assumer la mise en valeur de l'atmosphère de ce Londres qui s'avère être finalement plus déprimant qu'angoissant.
Bien que brisant un peu le train-train médiéval habituel du rpg, GunBlaze S manque bien trop de fantaisie (ou d'inspiration). L'histoire est agréable à suivre mais sûrement pas au point de verser quelques gouttes de sueur pour supporter les batailles ennuyeuses et incessantes, la censure les gros soucis d'ergonomie et le physique ingrat d'un médiocre jeu 16 bits de seconde zone. À réserver aux curieux d'un certain genre... .
(ANIMATION) :
GAMEPLAY :
GRAPHICS :
SOUND :
STORY :