Test écrit par Murazame
Sur Haturn, la sixième planète du système solaire Arukamo, la paix et la sérénité des pays est assurée par le pouvoir de quatre grandes cartes : colère, joie, tristesse, amusement. Mais un beau jour, blablabla... .
Soyons honnêtes, l'histoire ici, on s'en fout royalement. Et puis le temps presse pour Bunny Moon, la reine déchue dans laquelle coule du sang de “master of monsters”, qui s'en va contrer l'ambition destructrice de l'Empire Rokuna. Chevauchant plaines et montagnes, et bien d'autres dimensions, en compagnie de sa garde rapprochée, assumée par Riki Sakaki, maître en arts matiaux du courant Hokkyokuryûken (“le poing du dragon arctique”), et de Alter Keeve, épéiste de l'ordre du Gardien des Flammes, elle aura fort affaire pour nous convaincre du sérieux de la mission.
En effet, Funky Fantasy est certes un simulation-rpg, mais il est avant tout un produit tout droit sorti des cartons de Yoshimoto Kôgyô, l'un des plus gros conglomérats de divertissement du Japon.
Heroic fantaisiste.
Ici, c'est l'emblématique manzaï (duo comique) Ninety Nine qui vient pimenter l'univers très décalé, à défaut d'être vraiment funky, de Funky Fantasy, avec notamment leur visage accolé sur les personnages qu'ils incarnent. Parodie ou simple clin d'oeil, tous les figurants proviennent de divers jeux SEGA, mais pas seulement puisqu'on retrouve aux côtés de Guardian Heroes, Virtua Fighter, Fighting Vipers (Bunny Moon étant la fusion de Honey et de Sailormoon!), Golden Axe, Bare Knuckles, d'autres licences détournées telles que Hokutô no Ken, Street Fighter (avec Riki Sakaki dans les habits de Ryu), Cotton, Samurai Spirits, The King of Fighters, Lupin III... etc. Une liste non exhaustive puisqu'au total, il y a une bonne quarantaine de gusses d'après la notice et surtout plusieurs itinéraires différents. Hormis le célèbre duo formé par Okamura et Yabe, sont venus faire leur numéro London Boots, DonDokoDon ainsi que d'autres visages moins voir pas connus du tout si votre connaissance télévisuelle est aussi pauvre que la mienne.
Déjà bien kitsch en l'état, le background résolument grotesque vient en rajouter une couche, que ce soit au niveau des dialogues aux propos déplacés, de la musique sérieusement “rpg-iesque” qui tranche avec l'humeur ambiante, ou du scénario dans lequel l'équipage voyage à bord du grand cheval de bois de Bunny Moon.
Voilà qui fleurait bon le kusoge culte, mais... .
Montures à la carte.
Funky Fantasy aime jouer le clown mais n'avait pas l'intention pour autant de n'être qu'un énième clone sans caractère de Shining Force. Si les déplacements se font toujours sur un damier, si le joueur et le CPU agissent tour à tour (mais en deux temps : on déplace tous ses pions avant d'entrer dans la phase action) comme le veut la tradition, le jeu de Yoshimoto sait aussi se faire innovant.
Pour commencer, seul le palefroi de Bunny Moon est présent au début d'une bataille. En conquérant les sceaux magiques éparpillés sur la map et en stationnant dessus, elle va pouvoir régénérer ses MP afin d'ammener ses hommes de main sur le terrain, en leur fournissant une monture ; ça va du chien au bahamut (qui en fait n'est rien d'autre que le dragon de Panzer Dragoon!), en passant par l'ogre, la méduse ou encore le minautaure. Chacune ont des forces et faiblesses, et coûtent plus ou moins cher en consommation de MP. Selon la classe du perso (magicien, chevalier, voleur, archer, etc), le joueur aura quelques commandes supplémentaires comme des magies, une attaque à distance ou encore des talents spéciaux souvent liés aux cartes expliquées plus bas (par exemple le kiaï, qui ne remplit pas une jauge comme c'est souvent le cas, mais donne une carte de power-up offensive), consommateurs de 1MP, attention!
La mort de Bunny Moon entraîne donc immédiatement le game over, alors que les membres de son équipe auront chacun le droit de ressusciter 2 ou 3 fois par chapitre.
Là où Funky Fantasy devient bigrement original, c'est de solliciter automatiquement toutes les unités placées sur les cases adjacentes à celle qui lance une attaque et à celle qui défend. En se débrouillant bien, on peut donc faire s'engager jusqu'à 6 unités par offensive, pour écrabouiller son ennemi à 5 contre 1, éventuellement renforcer sa défense avec un 3 contre 3, tenter désespérément une contre-attaque à 2 contre 4, ou inversement s'en prendre plein la gueule si on n'y prend gare, seul contre 2, 3, 4 ou 5!
Ensuite, le jeu instaure donc un système de cartes qu'on va pouvoir utiliser à volonté, tout du moins dans la limite de ses stocks disponibles (sachant que le jeu en pioche 2 à chaque round, et qu'on ne peut en avoir plus de 9 à la fois), non sans avoir arrangé son deck (60 cartes maximum) au début des chapitres : magies de groupe, attaque spéciale, argent bonus, régénération MP ou HP, etc.
Il y en a une trentaine différentes qui vont se débloquer au fur et à mesure, mais qu'on pourra parfois acheter en magasin.
Ce dernier vend de l'équipement aussi, avec des noms qui vont faire mouiller tous ceux qui baignent dans l'univers de SEGA (en particulier) depuis longtemps : bare knuckles bares knuckle, gold axe, shine force, layer force, etc. Un conseil, attendez un peu avant de lâcher la monnaie, il n'y a guère que 6 sortes d'armes et armures, leur version ultime arrivant assez vite (dragon busters pour la première et galaxy force pour la seconde), et parce qu'il n'est pas possible de revendre celles dont on n'a plus besoin, ni même de les refiler à un coéquipier.
What the funk?
Finalement, Funky Fantasy n'est cependant pas très drôle. Comprendre par là que le commun des joueurs ne sera pas forcément réceptif à l'humour implicite des dialogues, sûrement remplis de références à des gags ou des sketchs de ces fameux comiques.
Quant au sourire esquissé à la vue de l'allure arborée par nos super héros virtuels préférés, ou à la lecture de l'invraisemblance de la fable ici contée, il prendra vite les traits d'une grimace dès lors que le joueur aura compris que chaque victoire va se mériter.
Farfelu voir bizarre de prime abord, le jeu n'est en effet pas seulement difficile (notamment avec un CPU avide de sceaux magiques), il est aussi furieusement stratégique ; le bon placement des troupes prenant une place importante du fait qu'en étant malin, on pourra faire agir une même unité plusieurs fois.
Tout du moins est-ce le cas pour les deux premiers tiers de l'aventure, puisqu'une fois de puissantes cartes magiques en main, et en nombre, il devient aisé de se débarasser du chef ennemi en patientant un peu, le temps de les accumuler et les lui balancer coup sur coup.
Là-dessus, le jeu aurait clairement gagné en finesse et maintenu un challenge équilibré jusqu'au bout, si leur utilisation avait subit quelque limitation.
Ironiquement, le jeu de Yoshimoto pêche également par un certain manque de charisme, non pas parce qu'il est moche, mais plutôt parce que son cosplay n'est pas mis en valeur in-game. On ne profitera pas des sprites de Ryu, Harn, Axel, Kenshiro et consorts durant les batailles, au cours desquelles ils chevauchent des monstres identiques à ceux utilisés par l'empire. Et puis s'ils nous gratifient de quelques provocations pendant les saynètes d'attaque, aucune voix ne viendra animer les conversations. Un comble vu le casting qu'il s'est alloué!
Atypique et complètement original, Funky Fantasy offre donc surtout la chance à la Sega Saturn de pouvoir se targuer d'avoir, elle aussi, son FF (ou FunFan pour nos amis nippons)! Et ça, c'est quand même la classe.
ANIMATION :
GAMEPLAY :
GRAPHICS :
SOUND :
STORY :