Test écrit par Murazame
Feda Remake, c'est justement et simplement le remake de la version Super Famicom, avec quelques rajouts de-ci de-là. Sorti le siècle dernier déjà, en 1996 plus exactement, Feda "débarquait donc sur notre bien aimée", restons poétique, quand celle-ci faisait encore bonne figure face à sa concurrente grise. Une époque ou fleurissaient alors les rpgs en tout genre. Cultivés que vous êtes aussi, je ne vous ferai pas l'insulte de vous dire que l'on a affaire à un tactical-rpg, mon genre de prédilection.
Le jeu commence par un DA, et pullulent de plein d'autres de qualité somme toute moyenne certes, mais on s'en accommodera car ils remplissent parfaitement le rôle qui est le leur, à savoir : imprégner davantage le joueur dans l'univers de Feda.
A bord de ce qui ressemble à une espèce d'avion cargo en forme de dragon, des guerriers bien épais écoutent leur chef, qu'on devine de suite ne pas être un saint, expliquer le contenu d'une mission de routine : tuer toute âme qui vive sans distinction aucune. Dans leurs rangs se trouvent un dénommé Brian à côté duquel est assis Ain, un hybride mi-homme mi-loup (espèce typique de la série Shining Force). Une fois sur le terrain, les hommes mettent à exécution les ordres qu'on leur a donnés avec coeur, mais Brian se rend compte soudain (tardivement ?) d'une chose : la plupart des victimes ne sont que de pauvres campagnards, et les femmes, moches ou pas moches, les enfants, mioches ou pas mioches, ne sont pas épargnés.
Voulant défendre une petite fille sur le point de se faire saigner par l'infâme commandant, Brian retourna son épée contre ce dernier mais, malin comme il est, omit au passage de lui porter un coup fatal.
Devenu fugitif, il ne tardera pas à être emprisonné pour ensuite s'échapper illico presto, suivi de son compagnon et ami Ain. Ainsi débute le jeu.
Vous allez au fil de votre voyage monter une armée de résistants et tenter de renverser le pouvoir en place, corrompu et allié récemment avec d'étranges créatures qui n'affectionnent pas particulièrement les mondes colorés.
Voilà pour l'histoire. Une chose est sure, le jeu est bien plus sombre qu'un Shining Force, et ce n'est certainement pas les graphismes du jeu qui vont me contredire. Ils sont en effet dans des tons gris/verts, utilisant très peu de couleurs. Pour en rajouter une couche, on a des sprites lilliputiens qui se trémoussent dans des décors monotones et très sommaires. Bref, rien qui soit digne d'une 32 bits, pas de quoi faire rêver non plus, il s'agit bel et bien d'une conversion bête et méchante je le répète, agrémentée de quelques babioles comme les dialogues parlés et 2 persos supplémentaires.
Le jeu étant dans un japonais costaud, je doute fort qu'il ait les atours nécessaires pour attirer un plus large public, malgré le charme tout relatif qu'il conserve néanmoins.
Oui, n'enterrons pas si sauvagement ce titre!
Malgré des musiques médiocres, l'ambiance générale (critère de la plus haute importance à mes yeux) est réussie; mais je dois avouer que c'est en grande partie parce que le jeu à une tronche qui respire bon la nostalgie. Ensuite, le scénario est bien ficelé, on n'est pas encombré de quêtes ou d'objets débiles cachés et, personnellement, je trouve nos deux héros plutôt charismatiques.
Mais c'est surtout sa petite originalité qui le sauve.
Les persos qui se joindront à vous au cours de l'aventure sont classés en 2 catégories: law et chaos. Selon vos actions, votre escouade va balancer plus d'un côté que de l'autre : si vous souhaitez en faire une armada sanguinaire, il vous suffira d'exterminer tous les ennemis d'une bataille. Si au contraire vous avez un coeur gros comme ma collection (...), vous vous contenterez d'abattre la cible principale en vous souciant le moins possible des larbins alentours. Conséquence ? Les persos ayant un profile opposé à votre réputation pourront déserter votre troupe à tout moment !
A vous donc de rester entre les deux pour satisfaire tout le monde, ou au contraire de former une équipe qui répondent à vos goûts.
Autrement, le jeu s'étend sur pas moins de 12 longs chapitres farcis de combats au tour par tour des plus conventionnels qui pourront lasser les moins endurcis... Outre que les attaques offrent des animations de piètre qualité, précisons que l'on gagne de l'expérience à chaque belliqueux anéanti, mais également à la fin de certaines missions. En principe, vous devriez réussir à monter quelques uns de vos hommes au level 60, ce qui représente le maximum pouvant être atteint.
Pour ceux qui se posent encore la question après tout ce temps de savoir si le jeu est jouable malgré "the truc", je répondrai par l'affirmative au risque toutefois de pas mal s'emmerder. A réserver aux plus fanas du tactical et de Shining Force (puisque c'est monsieur Tamaki lui- même qui s'est chargé du character design), qui ont gardé une âme de joueur baignant encore dans cette fameuse période révolue. Etre capable de résister plusieurs jours à la tentation que procure le paquet de jeux en 3D high res empilés sur votre étagère est bien évidemment un plus non négligeable. Quant aux autres, laissez tomber, Feda Remake est un dispensable, je ne peux pas être plus clair...
Pour l'anecdote, après un joli succès de cette édition Saturn au Japon, Yanoman a sorti une suite sur PS1.