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Langrisser III Review for Sega Saturn
Débutant sur PC, Masaya allait sévir ensuite sur PC-Engine à laquelle son nom fut d'ailleurs longtemps associé, avant de se trouver rapidement des affinités avec la marque au logo bleu, à l'époque de la Megadrive. De cette union, il en résulta toute une floppée de jeux qui, tout comme sur la console de NEC déjà, étaient très appréciés par une frange de joueurs assez pointue, dirons-nous pour ne pas céder aux anglicismes passe-partout : Gynoug, Jûsôkihei Leynos (ou Assault Suits Leynos), GleyLancer et bien sûr, Langrisser.
De fait, le choix de la Saturn pour relancer la saga de leur tactical rpg était-il à tout le moins cohérent s'il n'était pas sentimental et le moment idéal aussi pour celui que l'on considère comme son géniteur, Takada Shinjirô, de mettre en pratique sa vision nouvelle des choses, surtout après plusieurs années passées à fignoler un Langrisser II/Der Langrisser jusqu'à sa version (presque) finale. D'une pierre deux coups, la nouvelle génération de consoles aidant, ce fut également l'occasion de raconter la genèse de l'épée légendaire.
Départ canon !
Le jeu nous renvoie donc dans le passé très lointain quand l'empire Rigüler triompha enfin du royaume de Larcuss. Immense pays du Nord, la population toujours croissante du premier souffre en effet de la pauvreté de son sol, ne lui laissant pas d'autre choix que de convoiter par la force les riches terres de son voisin.
L'intrigue débute ce jour fatidique où la cérémonie promouvant en chevalier du roi le jeune Dyhalto Clauss fut interrompue par une attaque éclaire dirigée par le prince héritier de l'Empire, le grand-duc Altimeüler. Pris au dépourvu, les résidants de la forteresse n'auront d'autre issue que la fuite, abandonnant aux mains de leur adversaire l'édifice, celui-là même qui, flottant magistralement au-dessus de la capitale Larcassia, leur avait permis jusqu'alors de repousser d'innombrables invasions grâce au canon magique placé en son sein.
Symbole également de la grandeur du Royaume, sa chute, au sens propre comme au figuré, annonce une longue période de troubles que va tenter de mettre à profit Bozel, seigneur des ténèbres et prince de la contrée glaciale de Velzeria qui veut ressuciter son Dieu, Chaos.
Rituel obligé ou presque depuis que le CD a supplanté le format cartouche, un anime aussi court que classieux exhibe fièrement le chara design grandiloquent du sieur Urushihara Satoshi, lequel nous annonce qu'il y aura de la marge pour une pointe de romantisme. Quel dommage cependant qu'il faille se contenter de ce petit extra visuel pour le seul prologue uniquement !
Accueilli comme le veut la coutume par la Déesse Lusiris, Dyhalto Clauss / le joueur est ensuite soumis au non moins traditionnel bal des questions pour que soient définies ses compétences (classe de départ et aptitudes physiques), avant d'entrer en scène dans une histoire toujours découpée en chapitres (scénarios) qui seront autant de campagnes militaires à mener.
Dans un style graphique perpétuant celui établi sur Megadrive, c'est à dire des légions de petits sprites un peu plus gros déployées sur de grands espaces, les paysages se montrent encore trop dépouillés par endroit quand l'action ne se déroule pas en milieu urbain ou en intérieur, bien qu'un élément "central" à l'esthétisme plus raffiné (statue, sanctuaire, ruines, etc.) vienne sauver la donne très souvent. Langrisser ne remportera certes jamais un concours de beauté (contrairement à ses personnages) mais certains décors ici comptent parmi les plus inspirés de toute la saga.
Là où Der Langrisser proposait une histoire non binaire et aux multiples embranchements, doublant ainsi en volume par rapport à son prédécesseur (ainsi qu'au second dans sa version Megadrive donc) mais sans toucher aux fondations, Langrisser III fait l'inverse, optant pour une refonte du système tout en signant un retour au scénario unique. L'idée phare, ou du moins l'ambition déclarée par Takada lui-même, étant alors de restituer au mieux, à l'echelle du gameplay, le sentiment de conduire une véritable armée.
Amour, gloire... épée
Pour ce faire, la première rénovation significative est la disparition du relais classique entre l'action du joueur et celle du CPU, pour une phase de commandement globale où l'on dicte les ordres, suivie d'une autre où on les met en pratique (ou non du reste) manuellement. Entre temps, les deux camps auront effectué leurs déplacements simultanément, l'opportunité de lancer une offensive étant attribuée à chaque escouade (du joueur et du CPU) entrée au contact l'une de l'autre, une fois tout le monde en position.
Nouveauté plus tape-à-l'oeil et qui aura fait couler beaucoup de mauvaise encre à son sujet, les scènes de batailles ont succombé (bien mal leur en a pris) à la mode de la 3D pourtant balbutiante encore en 1996 ! Précédées d'un écran préparatoire où l'on décide de la stratégie à suivre, le résultat est indéniablement désastreux quoique pas vraiment gênant dans les faits, puisque l'on n'est plus à cet instant précis que simple spectateur. Complètement illisibles, le pire est surtout qu'il est difficile d'en apprécier l'efficacité. Par chance, la solution à ce problème se trouve dans le menu des configurations...
Avant cela, on constate aussi que les commandants d'escadron ont fusionné avec leurs hommes en une seule et même entité indivisible mais dotée en échange de capacités adaptatives, par la permutation entre trois états : normal (bonus en attaque et en défense modéré), rapide (mobilité accrue au détriment de ce même bonus) et défensif (soit l'inverse, sauf qu'elle ne peut littéralement plus se déplacer). De base resserré autour de son leader, l'alignement du groupe peut également être changer à sa convenance à la verticale, à l'horizontale ou en diagonale.
Secrètement partagé par un grand nombre de joueurs japonais, le voeu de voir se glisser dans la série de Masaya une dimension dating sim, comme on les appelle avec un certain dédain chez nous autres occidentaux, est enfin exaucé avec Langrisser III. Bien qu'ils ne soient exprimés que très timidement, les sentiments des partenaires féminins de Dyhalto Clauss à son égard navigueront sur des vagues au gré de ses prises de paroles, et ce jusqu'au grand jour soir où il lui faudra tremper trancher et déclarer sa flamme à l'unique. En mettant de côté la plausible désertion de l'une et le risque de suicide d'une autre (...), la réussite amoureuse n'aura pas d'influence sur le cours des évènements, mais sera tout de même essentielle pour atteindre les deux derniers chapitres (35 et 36) ouvrant la voie vers le vrai boss ultime.
Languir après une compagne... ou en campagne
Relatant des faits antérieurs à Langrisser, ce troisième volet ne pouvait probablement pas se permettre de laisser le joueur bifurquer vers d'autres horizons, à l'instar de Der Langrisser. Écartant tout retour à la sobriété des débuts, l'écriture conserve au contraire la densité acquise depuis lors : alliances de circonstances, dissensions internes, adultères, trahison ou manipulation animeront ces batailles menées au nom de Haja, Alhazard et Langrisser, les trois lames qui tourmenteront bien des âmes.
Comme enfouie dans ce lointain passé, l'ambiance plus sombre de cet opus s'accommode sans grande peine du (relatif) manque de vigueur, en comparaison des fougueuses mélodies de ses grands frères mais indépendamment de leur qualité sonore (non pas médiocre à proprement parler mais plutôt très “super nintendo-iesque”), de compositions sinon très réussies.
Il est de notoriété publique que la réputation de Langrisser III s'est vue ternir tout particulièrement par l'intrusion ratée de ce semi-temps réel sous forme de scènes de batailles en 3D horriblement confuses. Reste qu'elles sont facultatives, n'engendrant au final que le sentiment, certes désagréablement tenace, d'être contraint de se priver d'une partie des possibilités offertes par le jeu. Mais dans le cas contraire, le temps recquis pour boucler une campagne passant aisément du simple au double, le dilemme ne se posera pas chez beaucoup de joueurs.
Cela étant dit, il faudra néanmoins composer avec deux autres travers, petits par la taille mais aux conséquences vite assez lourdes sur l'expérience de jeu. Autrefois définitivement rayées de la carte une fois leurs HP tombés à zéro, chaque petit coup de baguette magique (heal) restitue au contraire ici toutes les unités (d'un commandant) mortes. Or, cumulé avec l'impossibilité de construire des itinéraires un tantinet plus complexes qu'un simple vol d'oiseau (point A vers B), ceci débouche sur des batailles qui s'étalent péniblement en longueur par la faute d'une masse bordélique de sprites incapables de se contourner sans devoir prendre le large !
Mû par la volonté de ne pas s'enliser dans la routine, soucieux aussi de creuser un écart significatif avec les deux opus 16 bit, Langrisser III a malheureusement perdu en clarté d'exécution et en finesse tactique. Une tentative d'évolution (ou d'innovation) en demi-teinte dont la pertinence s'avère au mieux douteuse mais qui ne doit pas éclipser les qualités habituelles de la série : situations de bataille variées, challenge beaucoup moins rude mais présent, nombreuses et nouvelles classes, etc..
Quant au contenu caché (cinq missions), si son accès se montre encore un peu trop cabalistique pour être découvert autrement que par un exceptionnel concours de circonstances, il serait dommage de passer à côté d'une dispute aux dialogues savoureux avec Ledyn et Elwin, les héros de Langrisser et Langrisser II, d'une nouvelle confrontation musclée avec les aniki, bien connus des fans de Masaya, ou encore et surtout pour ceux que la difficulté moindre aura laissé sur leur faim, une bataille d'anthologie contre tous les principaux intervenants de cet épisode dopés jusqu'au niveau 99 !
Pour finir sur un aparté de culture générale, il est bon de savoir aussi que son portage sur la playstation two est communément reconnue comme calamiteuse par la majorité des joueurs nippons...
VERY GOOD : 8/10 -> 87%
TECHNICAL :
GAMEPLAY :
GRAPHICS :
SOUND :
STORY :
Game(s): |
Langrisser III ラングリッサーⅢ T-2502G |
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