Test écrit par Murazame
Yen, c'est le nom d'une étrange île flottante parcourant les quatre coins du monde et faisant office d'école de magie. Une fois admis, chaque élève doit se décider rapidement quant à la matière qu'il souhaite apprendre, et faire en sorte d'être accepté par le professeur concerné. Grâce ou à cause de la rencontre fortuite d'avec un vieil homme égaré (qui se révèlera être un puissant magicien vivant sur Yen), Elie, jolie jeune fille aux cheveux écarlates, capable de se déplacer naturellement dans les cieux, et Lena, sa meilleure amie, se retrouvent bon gré mal gré parmi ces "élus". Cependant, surgissant brusquement des fonds marins, le sinistre château "D", libéré de son sceau par un dénommé Memphis, annonce de biens mauvais présages.
Malgré une trame principale classique qui oppose les héro(ïne)s à un être au passé tragique, désireux de se venger en choisissant le côté obscure de la force pour reprendre une célèbre expression, la mise en situation, c'est à dire en tant qu'apprentis magiciens sur une toute petite île, ainsi que des personnages au caractère bien trempé (comme tout bon Lunar) constitue déjà une bonne base, attisant la curiosité. Forcément avec 12 chapitres, on se demande ce que les scénaristes ont pu pondre comme idées afin que le séjour sur l'île ne s'essouffle pas trop vite: l'entrée principale, le village, la forêt, un couple de pêcheurs au bord de la mer, une ou deux grottes, une tour inaccessible et la petite bicoque du vieux sorcier Glen; voici à peu près tout ce que vous trouverez. Pourtant, vous seriez surpris de voir tout ce qui peut se passer sur un si petit îlot errant! Certes, certains évènements peuvent sembler un peu tirés par les cheveux, futiles ou même inutiles, mais c'est plus un trait caractéristique des contes destinés aux enfants qu'un réel manque d'inspiration.
Autrement, le jeu à proprement parlé est un RPG dans un style assez proche des deux précédents Lunar, à savoir très simple et épuré de fonctions tape-à-l'oeil telles qu'on en voit souvent dans des titres plus ambitieux. D'ailleurs il n'y a même pas d'équipement, personne ne porte d'arme (sauf Blade qui manie l'épée), il n'y a aucun objet et comme vous l'avez surement deviné, tout repose sur la magie et notamment sur leur fusion.
En fait, il s'agit d'attaques spéciales qu'on acquiert après avoir découvert une combinaison. Par exemple, vous invoquez la foudre avec Senia et lancez une boule de feu avec Elie dans le même round. A la fin de la bataille, un message apparaît indiquant que Senia et Elie ont appris une attaque combinée. Il ne vous reste plus qu'à le faire savoir au directeur de l'école pour obtenir confirmation de sa "maîtrise". L'ultime combinaison vous sera transmise vers la fin du jeu et nécessite l'implication de tous les persos. Inutile de préciser qu'elles sont très efficaces pour se défaire des boss.
Quant aux magies simples, il y en a un bon paquet et la plupart sont enseignées par les professeurs, d'où la nécessité d'aller souvent papoter avec eux, quitte à insister un peu!
L'autre attrait de cet épisode atypique de Lunar, c'est bien sûr ses nombreux dialogues et son histoire, le tout entrecoupé de dessins animés de qualité pour souligner les moments forts, dont certains très osés! comme celui où notre un-peu-trop-franche-et-un-peu-trop-naïve Elie se déshabille complètement devant le vieux professeur Dadys (par chance atteint d'une maladie proche de celle d'Alzheimer), afin de recevoir un traitement, hum, spécial, à base de peinture magique... . Et si les personnages sont très charismatiques, le premier défaut fait ici son apparition, mais peut-être n'est-ce que moi qui suis intolérant, incarné par cette tête de con qu'est Lena! Une véritable langue de vipère, capricieuse, insupportable et antipathique qui ferait perdre le sang-froid au plus aguerri des moines bouddhistes!
Et justement, ces moines bouddhistes, c'est en priorité, que dis-je! c'est exclusivement à eux qu'est destiné ce jeu!
Pas besoin d'être perspicace pour comprendre que s'il y a un premier problème, c'est qu'il y en a un ou plusieurs autres qui suivent. L'énorme, le gigantesque, l'immense défaut, la perruque dans la soupe Mahou, c'est la fréquence des combats. C'est bien simple, la musique n'a pour ainsi dire jamais le temps de reprendre, chaque pression sur la croix de direction déclenchant une bataille. On avance pas à pas, et lorsque les labyrinthes se font de plus en plus sournois et tortueux, avec de multiples embranchements et autres culs-de-sac, il devient in-dis-pen-sa-ble de dessiner une carte pour éviter de tourner en rond, et passer ainsi un après-midi (!!) à essayer de trouver la sortie. De plus, si on ajoute des loadings loins d'être aussi express que les cafés que vous aurez largement le temps de déguster, des persos (en particulier les ennemis) agissant un peu mollement à mon goût et cette sensation de manque constant de puissance contre certains ennemis coriaces, je ne vois pas à qui je pourrais conseiller son achat.
C'est vraiment regrettable car sans cela, et en dépit de son apparence enfantine, le reste demeure très satisfaisant. Des nuages transparents défilent en permanence au dessus du village et de la carte, donnant un peu plus de profondeur à des graphismes qui n'ont plus rien à voir avec la version Game Gear. Ce qui frappe davantage, c'est la partie musicale offrant un panel de morceaux courts mais assez diversifiés allant du piano mélancolique à la symphonie, en passant par des thèmes plus légers.
Personnellement, je ne suis pas né au Tibet, mais ayant beaucoup aimé les deux premiers Lunar, j'avais pensé pouvoir prendre du bon temps sur un RPG un peu moins complexe que d'habitude. Horreur et damnation! Après d'innombrables crises cardiaques, je ne parvenais à la fin qu'après une bonne cinquantaine d'heures !!! Ca m'apprendra à vouloir tout faire sur cette console, mais je n'y peux rien, je n'ai pas pour habitude d'abandonner en cours de route un jeu entamé sans quoi je suis incapable d'en attaquer un nouveau. Cependant, le pire dans l'histoire, c'est qu'elle me manquerait presque cette garce de Lena!