Test écrit par Murazame
Présentons très succintement Tilk en faisant disparaître les doutes de beaucoup à la vue de la pochette : oui Tilk est bel et bien un simulation-rpg, autrement dit : un "Shining Force-like"!
L'histoire a lieu sur Tilk, une petite île propice à l'aventure pour des petits gars comme Billy et ses potes qui se réunissent quotidiennement dans leur cabane en bois super classe, et décident ensemble de leur terrain de jeu pour la journée. La belle vie en somme, ou plutôt devrais-je dire la belle époque, celle où enfance rimait avec insouciance.
Jusqu'au jour où ils font la rencontre d'une jeune fille un peu étrange, Silky. Non pas qu'elle soit à proprement parler bizarre, simplement elle ne fait pas vraiment partie du même monde que Billy : c'est une sirène (sans la queue de poisson). Malheureusement pour la demoiselle venue des fonds marins, batifoler avec des humains a été strictement prohibé par ses ancêtres. Son comportement va donc lui coûter la douloureuse interdiction de passer les prochaines vacances avec Billy et ses boules.
Cependant, c'est plutôt la nostalgie qui émane des épilogues (oui au pluriel), déterminés par l'objet que vous aurez choisi vous (à savoir Billy) lors d'une scène crépusculaire vers la fin du jeu, qui va vous émouvoir et qui fera sans doute verser une larme aux joueurs (et a fortiori les joueuses) les plus vieux. Au nombre de 16 (!), ils ne sont pas très démonstratifs, pas bien explicites non plus et, s'ils ne sont pas tous aussi intéressants ni très différents les uns des autres, ils sont pathétiques en cela qu'ils laissent place à la frustra... à l'imagination ! Très courts aussi, on y aperçoit Billy devenu adulte, en compagnie de sa femme et de son garçon, revenir s'installer sur l'île mais... qui est la femme de Billy ? Va-t-il revoir ses amis d'enfance ? Billy semble avoir grossi ; surmenage? Et Silky, a-t-elle fini dans une poêle ou sur un rouleau de riz?
Sachez à ce propos que vous pouvez au maximum rassembler 15 des 16 objets nécessaires en une seule partie, car le jeu offre parfois le choix de l'itinéraire. Pour ma part, je n'ai pas eu le courage de le refaire à cause d'une sauvegarde supplémentaire mal placée (1 stage trop loin...), et aussi parce que le visionnage des 15 autres m'ayant pris une bonne demi-journée, j'ai préféré m'abstenir.
Car il faut bien avouer que le rythme du jeu est lent, celui-ci étant victime (ou coupable si vous voulez) de loadings interminables pour lancer une scène d'animation : 8~10 secondes pour le 1er chargement!
C'est d'autant plus rageant que le spectacle visuel n'est pas folichon. Pensez, des morveux qui se chamaillent avec les méchants Kevin (véridique!) de la bande adverse ou de vieux pirates émoussés, à coups de lance-pierre, de boomerang ou de fusées explosives artisanales (!), on aurait tendance à vouloir zapper. Ce qui, manque de bol, n'est pas possible.
Cela étant dit, à défaut d'être impressionnants, les combats sont assez tactiques et il ne fera pas bon éparpiller de manière irréfléchie les membres de son équipe. Surtout pour le 1er tiers du jeu tout du moins, car Tilk fait partie de ces jeux un peu difficiles le temps d'atteindre un certain level, à partir duquel il devient ensuite plus aisé d'éliminer les ennemis (sans toutefois parler de réel déséquilibrage, c'est en tout cas l'impression que j'ai eu). Mais le vrai challenge reste tout même de réussir à ouvrir tous les coffres (quand ils ne constituent pas l'objectif de la mission), d'autant plus qu'ils contiennent les seuls objets susceptibles d'être consommés ou équipés.
Sinon Tilk se caractérise par sa simplicité. On a bien une option permettant d'attaquer en exploitant les avantages géographiques, mais les explications à son sujet sont aussi vagues que les terrains que vous foulerez, ce qui la rend totalement superflue.
Les personnages sont classés dans 4 catégories (force, vitesse et technique) qui agissent entre elles pareillement au "pierre-feuille-ciseaux". La quatrième et dernière (almighty) est celle qui domine toutes les autres. Pour confirmer son statut de "Shining Force-like", les développeurs ont eu la bonne idée d'instaurer un système de friendship calqué sur le hit en question, avec cependant une petite variante : les affinités entre les personnages (et les effets qui en découlent lors des combats) sont immuables et déterminées à l'avance.
Voilà, il n'y a pas grand chose à rajouter : il n'y a ni phases de recherche, ni magasins, ni même de pièces d'or ou monnaie exotique. Et, exceptés de sporadiques décisions à prendre, on reste totalement inactif pendant les dialogues avant de passer en mode bataille (où il faudra penser à sauvegarder!), ce qui en fait un jeu accessible à tout le monde. Impossible en effet de ne pas en voir le bout, sauf si évidemment on le trouve trop corsé (...).
Enfin, vous me rétorquerez que c'est un peu la nature d'un simu-rpg, genre dans lequel on ne passe pas son temps à chercher son chemin, et où la difficulté intrinsèque représente en général le principal obstacle. Mais si on peut très bien se passer du scénario d'un Super Robot Taisen F par exemple, il serait dommage de ne pas pouvoir apprécier pleinement celui de Tilk. Non pas qu'il soit fantastique, mais derrière des allures de conte pour enfants se cache en fait une histoire originale, touchante mais pas niaise, mise en valeur par quelques passages narratifs, et aidée en cela par d'excellents doublages (comme toujours) pour les dialogues (comme la voix du chef pirate, bidonnante, à l'image de son physique).
Du côté de la réalisation, on retiendra surtout les superbes sprites imposants par leur taille, détaillés avec soin, et qui parviennent à transmettre de nombreuses émotions grâce à des expressions (notamment faciales) très variées. Point de cinématiques ici, ni d'anime ou même de figures accolées aux textes pour immerger le joueur. Du jamais vu sur 32 bits? Je n'en sais rien, mais c'est dans tous les cas une sacrée réussite. On pourrait complimenter la partie sonore aussi. Les musiques n'expriment certes aucun sentiment particulier, mais font tout simplement très "jeu-vidéo", avec des mélodies bien inspirées qui restent dans la tête (et qui ne sont pas interrompues par les loadings!).
Tilk est donc une ode à l'enfance perdue (chef le message de fin), qu'il conviendra de savourer avec patience, par petites doses journalières et... sur Saturn exclusivement! La version qui tourne chez la méchante voisine ne propose en effet aucun doublage (!) ce qui enlève non seulement 50% de son intérêt, mais aussi 75% de son charme!
Un site très complet, très joli et très "tout en japonais" aussi (description items, personnages, friendship, etc.) mais sans walkthrough malheureusement (achetez le guide book !) : http://www20.big.or.jp/~laguz/TILK/index.html