Test écrit par Murazame
Souvent controversée mais désormais célèbre et même incontournable série de fight 3D, Dead or Alive (DoA) avait pourtant eu l'audace de voir le jour en arcade dans l'ombre des ténors du genre qu'étaient déjà Virtua Fighter (VF) et Tekken. Prétendant à l'époque pouvoir faire au moins aussi bien que VF, les ninjas de chez Tecmo avaient alors dérobé emprunté la technologie de Sega, la mythique carte Model 2.
Adapté furtivement fin 97 sur Saturn, année noire pour la console (d'un point de vue occidental, car en import il y avait de quoi gobichonner comme un porc), puis avec plus de tapage médiatique sur sa rivale dans une version disco quelque peu différente (persos supplémentaires), moins fidèle à l'original (paysages de fond cachés derrière la ligne d'horizon...) et inférieure (?) techniquement (persos plus gros et lissés, effets de lumière... mais en 30fps), force est d'admettre que sur le plan de la réalisation en tout cas, Tecmo a au minimum égalé le maître d'alors : Virtua Fighter 2.
High_res. 3D/60fps.(non-)stop!
Voici abrégé dans un titre aux allures futuristes ce dont est paré DoA dans sa version Saturn donc. Autrement dit, ce qui se faisait de mieux en la matière sur cette console, bien qu'il n'ait pas échappé lui non plus à l'amputation de ses décors 3D, désormais aussi plats que la poitrine de ma votre copine.
Le genre de claque qui fit renaître les pulsions masochistes qu'avaient ressenties le segafan avec la Virtuelle Fessée 2, avant de devenir la malheureuse victime du vil Sega transformé un temps (jugé trop long par l'Histoire qui lui infligera une sévère et irréversible punition quelques années plus tard) en serial deceiver : Fighting Vipers, Fighters' Megamix ou encore Last Bronx ; bien que dans l'absolu tous 3 d'excellents jeux, ne bénéficièrent en effet pas du même degré de finition (et je vais être sympa, je n'évoquerai pas le trio catastrophique que furent Sonic R / Daytona USA Circuit Edition / Sega Touring Car Championship... oops!).
Pas la peine néanmoins de se lancer dans un comparatif stérile entre les deux mastodontes du genre sur Saturn, résumons simplement en disant que tous deux tapaient dans le “quality superior 99%”. Le 1% défectueux provient du son tout aussi médiocre que son inspirateur, avec des bruitages d'impacts imitants (avec brio certes) ceux d'une bataille d'oreillers, et des digits vocales enregistrées la bouche pleine. J'exagère un chouïa mais on est loin, très loin de la qualité d'un Street Fighter Zero 2, au hasard, qui savait retranscrire à merveille le choc du tibia nu contre un tronc de bambou. Un détail qui a son importance dans la baston, mais un défaut cependant plus ou moins estompé par des musiques bien typées et qui collent parfaitement à l'ambiance générale du jeu, dans un style proche de celles du titre de Sega d'ailleurs, si ce n'est une tonalité générale un peu plus criarde.
Polygones texturés et grognasses à gros bonnets... mais quid du gameplay?
Pour en finir avec le jeu des ressemblances, notons qu'outre un univers relativement sobre et réaliste (pas de hadôken et autre psycho crusher), on notera que le gameplay est finalement plus ou moins similaire puisque lui aussi basé sur un système de 3 boutons, mais avec des contre-attaques (haute et basse) en lieu et place de la garde. DoA se joue par conséquent de la même manière, le classique pierre-feuille-ciseaux étant toujours de la partie (garde/contre-attaque > coup > prise > garde/contre-attaque).
Le jeu ne favorise donc pas forcément plus l'offensive malgré les apparences, il est juste plus remuant et spectaculaire que VF, et aussi peut-être un peu plus bourrin, car marteler la touche “contre-attaque” ne cause pas de temps morts dans l'action.
Dernière chose, le ring out est également de mise, sauf que le contour de l'arène est délimitée par une zone dangereuse, ingénieusement baptisée danger zone, et sur laquelle il vaut mieux ne pas trébucher. Mis à part les dégats infligés par l'explosion que votre chute va occasioner, le risque est grand de se faire boter l'arrière-train à coups de combos aériens (ce qu'on appelle des juggles je crois).
Ce qui me permet ainsi de faire une gracieuse pirouette transitoire, puisqu'en parlant de popotins justement, vous allez être servis. Encore que, contrairement aux épisodes postérieurs, il n'y a pas tant de persos féminins que cela. Tina la catcheuse, Lei-Fang la Chinoise et Kasumi l'idole des jaunes ont néanmoins suffisamment de charme pour séduire n'importe quel joueur exigeant en la matière. De plus, il y a de nombreux costumes à débloquer pour chacun des 8 persos, du classique 2 pièces à la tenue de cow-boy, il me semble que c'est bien Dead or Alive qui avait lancé la mode.
Mort ou Vieux?
Peu importe que ce premier jet d'une série appartenant dorénavant au panthéon du genre ait été conçue comme un brouillon au service du deuxième volet, selon une rumeur lue sur la toile japonaise. Ultra complet au niveau des modes de jeu (arcade, versus, time attack, kumite, survival et training), le jeu a vieilli certes, car on ne retrouve pas toutes les subtilités de gameplay des jeux actuels, mais sans prendre une ride. Inintéressant assurément pas, amusant même sans maîtrise (“aux antipodes des jeux playstation?” entendait-on souvent à l'époque), magnifique toujours si on le juge avec son coeur d'il y a 13 ans, sexy et explosif, Dead or Alive est destiné à ceux qui ont trouvé Virtua Fighter 2 trop austère.
Je garde quant à moi une certaine préférence pour ce dernier, seul jeu du genre avec qui j'ai réellement flirté au point de vouloir le dompter (ce n'est pas sale). Cela dit, n'étant pas moi-même féru du genre, je finirai donc par la citation d'un grand nom de la scène Dreamcast française : “la 3D c'est bien, mais il y a une dimension de trop” (2001©Molokh, dans sa cellulle carcérale estudiantine).
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