Test écrit par Murazame
Sorti initialement sur Apple II, Wizardry est l'un des ancêtres du rpg et s'il a bénéficié de nombreuses séquelles ou adaptations sur une grande variété de supports, un petit rappel de temps à autre semble être néanmoins d'utilité publique, l'original étant tout de même plus de trentenaire maintenant. Wizardry Llylgamyn Saga, compilation regroupant les 3 premiers jeux, semble donc être tout désigné pour remplir cette tâche.
Très populaire au Japon d'ailleurs où il continue d'en sortir régulièrement, la version Saturn (et Windows) de cette collection se voit même gratifiée d'un donjon exclusif (dénué de scénario cependant) où rôde un condensé des ennemis les plus emblématiques des précédents volets, assorti de quelques nouvelles têtes. Même chose côté items.
Les monomanes de la complétion seront ravis d'apprendre que tous les monstres vaincus et authentifiés, ainsi que tous les objets récoltés seront désormais répertoriés dans 2 encyclopédies accessibles à l'écran du menu principal.
Proving Grounds of the Mad Overlord.
Pour commencer, sachez que le jeu est quasi entièrement paramétrable en anglais, exceptions faites des 2 encyclopédies sus-citées et la description des sorts magiques qui restent désespérément dans la langue de Nobunaga. De plus, si les couloirs du jeu se parent d'une 3D texturée (ça rame un peu parfois mais les déplacements se font toujours à une vitesse appréciable), il est possible pour les nostalgiques tatillons, de permuter avec un graphisme “fil de fer” assorti avec les sprites des versions PC-8801/8901.
Berçant le joueur avec des musiques médiévales tout en le maintenant éveillé par de sinistres grincements de portes, Wizardry vient avant tout nous rappeler ô combien les jeux à la physionomie austère étaient (sont) souvent synonymes de rude épreuve. Généreux et soucieux de notre état de santé cardio-vasculaire, Wizardy Llylgamyn Saga offre cette fois le choix d'activer ou non la sauvegarde automatique qui, précisons-le, est à double tranchant.
D'un côté, elle permet par exemple de profiter du fameux reset de la Saturn (X+Y+Z+Start) pour décamper au milieu d'une rixe qui s'annonçait fatale (ce qui arrive très souvent, a fortiori chez les néophytes mal préparés!), puis de relancer la partie au même endroit, juste avant la bataille.
En revanche, on ne profite alors plus de l'une des nombreuses magouilles astuces de Wizardry, qui consiste à recharger la partie autant de fois que nécessaire, afin d'obtenir un peu plus que l'unique point de HP supplémentaire glané lors du dernier level franchi. Bien que distribués aléatoirement, c'est en effet rarement la fête niveau HP tandis que les autres attributs (force, vitalité, piété, chance, agilité, intelligence) peuvent eux aussi monter... comme descendre!
Somme toute, la sauvegarde automatique ne facilite pas vraiment les choses mais atténue par contre bel et bien l'angoisse ressentie dans les sous-sols mouates de Lyllgamyn. Elle est d'autant plus dangereuse que la save est commune aux 4 scénarios, puisqu'il est possible de transférer ses hommes d'un épisode à l'autre (une fonction à utiliser précautionneusement).
Knight of Diamonds.
Chaque épisode met à votre disposition une poignée de persos déjà prêts mais il est préférable de s'en confectionner soi-même. Elf, gnome, hobbit, humain et nain n'évoluant pas tous de la même manière, certains seront plus aptes à revêtir la tenue d'évêque, de guerrier, de magicien, de prêtre, de samouraï ou de voleur. Ceci fait, il faut ensuite choisir l'alignement (bon, neutre, maléfique), une donnée de prime abord sans conséquence mais qui apporte quelques extras, comme des objets d'équipements exclusifs ou bien l'accès à l'une des 2 classes supérieures, que sont le ninja ou son antagoniste, le monarque. Le premier (maléfique) est capable de tuer son adversaire en un coup, tandis que le second combine la force d'un guerrier et des pouvoirs magiques accrus.
Le bon et le mal ne pouvant cohabiter dans une même troupe, il faut également penser à bâtir 2 équipes dans le scénario 3 où se trouvent des étages uniquement acessibles par l'un et par l'autre.
L'escouade envoyée explorer les sombres cryptes peut contenir jusqu'à 6 hommes (ou femmes), le trio de tête formant la ligne d'attaque, tandis que les 3 suivants sur la liste serviront de soutien uniquement, puisque ne pouvant ni attaquer (sauf via la magie), ni prendre de coups (idem).
Hormis un fourniment de base peu puissant vendu au magasin, histoire de ne pas commencer à poil, les armes, les heaumes, les potions et autres ustensiles en vogue dans ce genre d'univers devront être déterrés des pronfondeurs méphitiques de Llylgamyn. On les trouve dans des coffrets lâchés par les infâmes monstres à la fin d'une bataille, agrémentés systématiquement d'un vicieux piège (poison needles, gas bomb, mage blaster, teleporter... etc).
Leur désamorcage recquiert au préalable une identification (spécialités du voleur), puis une expertise de ses trouvailles sera nécessaire afin de profiter des items dénichés; un service rendu au prix de revente au magasin (ce qui empêche de se faire du blé) mais gratuit si vous avez un évêque dans vos rangs.
Legacy of Llygamyn.
Même à l'heure d'internet et ses aides de jeu en pagaille, se lancer corps et âme dans Wizardry réclame encore et toujours patience et persévérence.
Tres répétitif mais extrêmement accrocheur, il n'en reste pas moins éprouvant, qu'on soit accompagné du magnifique guide book (format A4 tout en couleur!) ou non. Difficulté mise à part, ce sont surtout ses mécaniques de jeu vieillotes, ou hardcore selon le point de vue adopté, qui usent et qui auront grande peine à attirer les faveurs des plus jeunes joueurs.
L'auberge en particulier, dont on louera les services un nombre de fois incalculable et pour cause, on a tôt fait d'être à bout de force. Et puis c'est aussi là ou se fait le décompte des points d'expérience acquis et donc la montée des levels.
Proposant plusieurs types de chambres, de l'écurie à l'onéreuse suite royale, le requinquage s'étale lui sur de longues périodes. Or nos bonshommes prenant de la bouteille (la limite d'âge est fixée à 128 ans mais tout de même) et les HP n'étant régénérés qu'à petites doses hebdomadaires, on est forcé de se rabattre sur l'écurie si on ne veut pas se retrouver avec une team de vieilles badernes au crépuscule de leur vie.
Mais si la roupillette est en effet gratuite, il y a la contre-partie comme quoi seules les magies sont rétablies. On passe donc son temps à se battre, retourner à l'auberge, puis au donjon afin de remplir les HP via les sorts magiques, avant de repartir sur la route... non sans être à nouveau passé par l'auberge pour récupérer les points magiques ainsi consumés!
Chutes, plaques tournantes, zones ténébreuses, portes à sens unique, etc; la configuration souvent vicieuse, parfois démoniaque des galleries souterraines est aussi cauchemardesque que les créatures infestant l'univers de Llylgamyn, notamment celles dotées de l'impitoyable “energy drain”, qui fait perdre un level (ou plus selon son niveau!) au perso touché. Une atrocité d'autant plus abominable quand on sait quel dur labeur représente un level passé la barre des 10.
Un sale coup au moral quand cela vous tombe dessus alors que vous étiez sur le chemin du retour, la sacoche pleine d'objets rares et une masse de monstres vaincus (et donc de XP en attente d'être comptabilisés).
L'inconvénient majeur de la sauvegarde manuelle (réalisable en ville uniquement)!
Et puis la mort aussi, qui peut vous être fatale (sic!), si jamais une résurrection se passait mal une seconde fois, après que la première tentative ratée ait réduit le perso en question en un tas de cendres.
Un drame auquel il faudra se préparer dans le cadre d'une sauvegarde automatique activée!
Dans les 2 cas, une excellente compilation pour les plus chevronnés ou les plus boulimiques des amateurs de rpg.
(ANIMATION) :
GAMEPLAY :
GRAPHICS :
SOUND :
STORY :